Juste quelqu'un de bien...
Mon ami l'Emmental ne fait pas de manière.
On le confond souvent avec le Gruyère mais ne s'en souci guère. Il est pas du genre jaloux, à piquer sa crise, se rouler par terre et faire colère.
L'AOC, il connait pas et n'en fait pas tout un plat. On le fabrique en Savoie ou en Franche Comté. Mais aussi en Bourgogne ou en Charentes. Et même en Bretagne. Il s'offusque pas et laisse faire. Et ça l'agace car il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il provient de Savoie.
Il pourrait jouer des coudes et passer devant tout le monde. C'est qu'il est balèse, mon ami. Avec ses 800 litres de lait de vache nécessaires à la fabrication d'une seule meule de 80 kilos, c'est le plus grand, le plus gros des fromages.
Fidèle en amitié, l'Emmental s'invite à l'improviste à toutes les tables. Met son grain de sel un peu partout. Une vraie crème. Se laisse râper, fondre, griller. On le gratine, on le tartine, on le croque en famille.
D'ailleurs s'il y en a un qui a l'esprit de famille, c'est bien lui. Il partage avec ses nombreux cousins, le goût des belles et bonnes choses. Mais pas toujours les yeux.
Parlons-en de ses yeux... Qu'est-ce qu'ils nous racontent ses yeux ?... Ils disent que sous l'effet de la chaleur (20 à 25 degrés), des bactéries se la pêtent et libèrent du gaz carbonique qui, retenu par la croûte forment les fameux trous que l'on appellent aussi les yeux et je ne connais rien de mieux. Un bon Emmental présente des yeux de la grosseur d'une prune, genre mirabelle. Et que celui qui n'a jamais regarder au travers, histoire de voir de quelles poussières se complait l'univers, me jette le premier croque-monsieur.
Il est comme ça, mon pote. C'est juste quelqu'un de simple. Quelqu'un de bien.
C'est l'Emmental.