Gueule Cassée
C'est un balaise. Un costaud. Une vraie gueule cassée.
Sur un plateau de fromages, le Vieux Lille n'est pas le dernier à chercher la bagarre, la castagne à grand coup d'odeurs assassines. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle aussi "Vieux Puant"...
Là, on ne fait pas dans la dentelle. Lourd et solide comme un pavé de mai 68, le Vieux Lille se la joue mâle, viril. Roule des mécaniques, se complait dans le biceps. Large d'épaule, il en a fait des descentes aux enfers dans la besace des "gueules noires", ces mineurs du nord qui le mangeaient au moment de la pause, sur une tranche de pain et faisaient couler le tout avec du café noir bien corsé ou une bonne rasade de genièvre de Wanbrechies.
Et pas la peine de faire le Maroilles... le mariole... Pas la peine de faire le mariole, de chercher la faille, le talon d'achille, le coeur de beurre sous la carapace du dur. Y a pas. En bouche, le Vieux Lille déménage sévère. Il faut dire que des bains réguliers de saumure pendant 100 jours voir 6 mois d'affinage, ça vous forge un sacré caractère.
Pourtant, le Vieux Lille se connait des amis. Môsieur à des relations. Limite fan-club et pom-pom girls à jupettes. Tiens, pas plus tard qu'hier, en 1960 lors d'une visite officielle en France, Nikita Kroutchev, président de l'URSS d'alors, fut littéralement séduit.
Si si...